Publié le 30 août 2024.

Le Nouveau Cachemire et la face cachée de la filière

Dans quelques jours, on va ouvrir la précommande du premier pull en cachemire Asphalte.

On répète : dans quelques jours, on va ouvrir la précommande du premier pull en cachemire Asphalte.

8 ans après notre emblématique Pull Parfait en laine mérinos, c’est probablement le lancement le plus attendu de la décennie. Ça fait des années qu’on y pense et des années que vous le demandez, donc on sait que ça commence à trépigner d’impatience. Dernier exemple en date : nos clients l’ont placé en tête du traditionnel questionnaire “Plan de collection” l’hiver dernier.

Le truc, c’est que le cachemire est un marché complexe. Une filière opaque. Un monde dans lequel on ne navigue pas au doigt mouillé. Ça fait trois ans que notre équipe Produit bosse sur le dossier pour trouver la bonne fibre, le bon fil et les bons partenaires ; et ça nous a laissé le temps de découvrir l’envers du décor.

Pour vous peindre le tableau, on a demandé à l’ami Lucallaccio de vous raconter tout ça. Ça se passe juste là :

Au fait, c’est quoi le cachemire ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut savoir de quoi on parle et faire un tour du côté de la SVT. Ce qu’on appelle “cachemire”, c’est le duvet secondaire que les chèvres de race “Capra Hircus Laniger” produisent en hiver pour se protéger du froid. Il s’agit donc d’une fibre naturelle d’origine animale, prélevée par tonte ou peignage sur ces jolies petites bêtes là.

Historiquement, elles sont originaires des hauts plateaux tibétains, sur les contreforts de l’Himalaya. Aujourd’hui, on les trouve surtout en Mongolie et Mongolie intérieure.

Pourquoi le cachemire est-il si cher ?

Avant que la fast fashion ne s’en mêle, le cachemire était une étoffe précieuse et exclusive, donc onéreuse. C’était un peu la truffe des lainages, si vous voulez. La raison est simple : une chèvre cachemire produit en moyenne 200 grammes de duvet utilisable chaque année, et il en faut 300 à 400 pour fabriquer un pull digne de ce nom.

Pour vous donner un ordre d’idée, on est plutôt sur une production de 4 à 5 kilos par an pour un mouton mérinos, soit environ 25 fois plus.

Si vous ajoutez à ça que le duvet en question n’est produit que par certaines chèvres, dans certaines conditions climatiques et dans une toute petite partie du monde, vous comprendrez que la rareté de cette matière fasse exploser son prix.

Comment tout a basculé

Oui mais voilà, la donne a bien changé.

Aujourd’hui, il n’est pas rare de croiser des pulls en cachemire à 50€, symbole d’un marché qui n’a plus rien à voir avec celui qu’ont connu nos parents.

Ce qu’il s’est passé, c’est que les envies de cachemire ont explosé à l’échelle mondiale, et que les mastodontes de la mode jetable y ont vu un moyen de faire des gros sous.

Résultat des opérations : les éleveurs ont augmenté la taille de leurs troupeaux pour satisfaire une demande exponentielle, et d’énormes infrastructures ont été construites (principalement en Chine) pour assurer la production derrière.

De 1993 à 2009, la population de bétail en Mongolie est ainsi passée de 23 millions à 44 millions de têtes. À date, il y a donc 4 fois plus de chèvres cachemire en Mongolie que de Belges en Belgique.

Une fois récoltée, la matière première mongole file chez le voisin chinois. C’est là qu’est produit 95% du cachemire mondial tous les ans (entre 13 000 et 18 000 tonnes, pour info).

Quelles conséquences ?

Sur le papier, on pourrait se dire qu’il est plutôt cool que cette matière d’exception se démocratise pour de bon. Sauf que non. Du moins pas dans ces conditions.

Le passage d’une fibre exclusive à une matière première de masse n’est pas sans conséquences, et vous allez voir que la situation est craignos à plus d’un titre :

1) C’est une cata pour les bêtes. On vous épargne les images de la PETA recueillies en Asie, mais ça fout vraiment la boule au ventre. Croissance des cheptels, surpopulations, méthodes barbares, malnutrition, récolte brutale du duvet, on en passe et des meilleures. Quand le marché demande plus de cachemire, l’industrie lui en donne, et tant pis si ce sont les animaux qui trinquent.

2) C’est une cata pour les éleveurs. Qui dit low cost dit aussi low wage, et le salaire des éleveurs a considérablement baissé depuis l’entrée fracassante des acteurs de la fast fashion. Quand on sait qu’un tiers de la population mongole vit de l’élevage nomade, on comprend mieux pourquoi la note est salée socialement.

3) C’est une cata pour l’environnement. Contrairement aux moutons qui mangent l’herbe en surface, les chèvres cachemire arrachent carrément les racines. De plus en plus grands, les troupeaux contribuent fortement à l’érosion des sols et à l’avancée du désert de Gobi dans cette région. Ajoutons à ça l’utilisation des ressources nécessaires au traitement de la laine et à la production des produits finis, le tableau est loin d’être jojo.

4) C’est une cata pour les vêtements. Pour proposer des pulls en cachemire à 50 balles, il ne suffit pas de réduire les salaires des éleveurs et d’utiliser les chèvres comme des distributeurs automatiques de duvet. Il faut aussi dégrader la qualité au maximum en mélangeant cachemire et laine classique (voire fibres synthétiques), en réduisant la densité des vêtements, en sélectionnant des fibres courtes et en tricotant l’ensemble de manière assez lâche. Ne vous demandez plus pourquoi certains pulls ressemblent à des tapis de douche au bout de 6 mois.

Et maintenant, on fait quoi ?

Dans ce contexte, on dirait qu’il n’y a que deux options : se rouler en boule en pleurant ou boycotter le cachemire une bonne fois pour toutes.

Pourtant, il est encore possible de s’offrir un cachemire de qualité, conscient, éco-responsable et respectueux de la filière comme des animaux. Et le tout sans péter le PEL. Oui oui !

Mais pour ça, il faut être très vigilant et vérifier tous les facteurs de production, ce qui peut être laborieux dans une industrie aussi opaque que la mode. Pour acheter en confiance, on vous conseille de vous fournir auprès de marques qui :

1) favorisent les pratiques agricoles durables → Le pâturage en rotation permet de limiter le surpâturage et la dégradation des sols.

2) gèrent l’eau en responsabilité → Initiatives visant à réduire l’impact environnemental de la production de cachemire.

3) respectent les chèvres → Privilégier les certifications qui garantissent un traitement éthique des chèvres et le respect des normes en matière de bien-être animal.

4) soutiennent les communautés locales → Garantir des salaires équitables pour les éleveurs peut contribuer à une industrie du cachemire plus durable et socialement responsable.

Et ça tombe bien, vous en avez une sous la main.

La suite au prochain épisode

Dans le prochain article, on vous parlera du Pull en cachemire à la sauce Asphalte, et on vous expliquera pourquoi on a fait le choix de l’appeler “Nouveau cachemire”.

Vous vous en doutez, ça n’est pas sans rapport avec tout ce qu’on vient de vous dire, et on est vraiment fiers du job accompli.

On préfère vous prévenir, c’est une révolution.

À bientôt,

L’équipe ASPHALTE

 

 

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